Je lui avais proposé l’idée d’un roman-photo dont il serait le protagoniste. Un héros en quelque sorte…
Ce roman photo est une histoire d’amour sans être une histoire de couple. Mon héros est en quête de beaucoup de choses. Il cherche. Il se cherche. Il traversera des milliers de kilomètres. Au début il voulait voir la mer…
Cette histoire est écrite en braille à mêmes les négatifs. Les images photographiques qui composent ce roman ne sont même plus lisibles pour les aveugles puisque le braille se dérobe au toucher. Présentée ainsi en aplat cette écriture ne peut être déchiffrée que par des voyants, on présume donc que l’histoire du héros reste secrète. Ce roman-photo raconte également l’histoire de cette histoire, celle-ci écrite en toutes lettres à même les négatifs. Les tirages photographiques sont des tirages aux sels argentiques. Ce soin semble ironique si l’on se rapporte aux mauvais traitements infligés aux négatifs : rayés et gaufrés par les différentes écritures. On pourrait déduire qu’il s’agit là aussi d’une mise en scène.


rLAMARCHE, Bernard, De l'incompétence du regard, Le Devoir, 28 sept. 1997